Fiche de lecture

«Vers une ère post-média » 

de Félix Guattari

et

«Les radios libres et l’émergence d’une sensibilité post-médiatique» 

de Franco Berardi ( Bifo )


Félix Guattari était un Psychanalyste et philosophe français. Il né en 1930 et mort en 1992. Il a soutenu de nombreuses causes dans un contexte mondialisé (auprès des Palestiniens en 1976, en soutien aux opéraïstes italiens en 1977, pour le processus de re-démocratisation du Brésil à partir de 1979, etc.) Il a été l’un des promoteurs de la radio libre dans les années 70 et également fait parti du collectif de soutien à la candidature de Coluche pour la campagne présidentielle de 1981. Il a notamment écrit Psychanalyse et transversalité 1972 et L'inconscient machinique en 1979. Quand à Franco Berardi il est né à Bologne en 1949. Il milite à partir de l’âge de 14 ans aux Jeunesses Communistes Italiennes Franco Berardi, dit « Bifo », est alors particulièrement influencé par la pensée de Michel Foucault, de Gilles Deleuze, et surtout de Félix Guattari. Il crée la revue A-Traverso en 1975, puis Radio Alice en 1976 Philosophe, Franco Berardi a publié de nombreux ouvrages dont Contro il lavoro en 1970 et Radio Alice, Radio libre en 1977. Il enseigne aujourd’hui à l’académie des Beaux-Arts de Milan.

Il m’a parut intéressant d’étudier ces deux textes car ils traitent tous deux de l’émergence de l’ère post-médiatique. De plus, comme le fait apparaître les bibliographies, Berardi est influencé par la pensée de Guattari. Berardi évoque le concept de «  communication indépendante » qui s’est manifesté dans les années soixante-dix au travers notamment de la radio libre. Ces radios remettent en cause le monopole de l’Etat sur la radio et la télévision en revendiquant la liberté d’expression. Elles sont capable de déstructurer un système médiatique, notamment grâce un public actif. La première d’entre elle fut RADIO ALICE  en Italie, qui avait comme fonction essentielle de faire éclater le langage habituel des critères de l’autoritarisme politique et économique. 
         Selon les deux auteurs, cette nouvelle forme de communication indépendante a préfiguré l’ère post médiatique et le mediactivisme. Avant cela, les médias considéraient les spectateurs ou les auditeurs comme des récepteurs passifs. Ainsi, au lieu de multiplier ses facultés, l’individu ne faisait que recevoir des messages passivement. La communication indépendante, au contraire, utilise la communication de manière active, c'est-à-dire qu’elle dépasse la fonction structurelle du média afin de le libérer des effets de sémiotisation produits par son utilisation dans la collectivité. Le médiactivisme, revoit le média dans son système structurel et non pas uniquement dans son contenu. 
          Ainsi, la télévision tout comme la publicité et la radio peuvent faire l’expérience de la communication indépendante, et peuvent être ré-agencer de façon active. C’est le cas des Telestreet qui ont transformées la télévision en un réseau de proxi-vision. Le direct a quand à lui transformé de façon radicale la radio, et plus précisément les radio libres en incluant la voix et le discours d’auditeurs détruisant de cette façon  le filtre entre émetteur et récepteur. C’est cela que Félix Guattari considérait comme des anticipations post-médiatiques. Les nouvelles technologies s’emparent de plus en plus des médias, et deviennent de présentes dans notre société, et ce dans tous les domaines. Pour l’auteur, des articulations s’opèrent entre les médias eux-mêmes, jusqu’à se fusionner complètement. Les spectateurs ont par exemple la possibilité regarder leurs émissions de télévision ou des séries via des podcast ou des sites de streaming sur Internet, d’écouter la radio sur leur ordinateur, et de surfer sur le Web avec leur téléphone mobile. 
         L’interactivité remplace peu à peu la passivité, et le public a un plus grand pouvoir, non seulement sur le contenu des médias, avec un choix de plus en plus vaste, mais aussi sur l’horaire de diffusion qu’ils peuvent maîtriser grâce à la télévision à la demande par exemple. Les médias peuvent donc être réappropriés par le public, et chaque vidéo, chaque musique, chaque image, peut être publiés par un internaute, et ainsi se multiplier sur la toile. 
         

Félix Guattari pose le problème suivant « Doit- on regretter le bon vieux temps où les choses étaient ce qu’elles étaient indépendamment de leur mode de représentation ? Pas si sûr, car les progrès en matière de technologie, qu’ils soient dans le domaine des médias ou non, ont toujours un impact important dans nos vies et il est bien souvent difficile de faire marche arrière…